Montréal en hiver

En sortant de l'avion, la douanière nous demande si nous ne cachons pas du saucisson et des fromages dans nos bagages. Elle nous demande aussi de lire un document sur Ebola pour confirmer que nous n'avons pas pu être en contact dans les 20 derniers jours avec une personne venant d'un des pays concernés comme la Guinée... Bon, je crois que cela n'était pas le cas, j'ai hébergé Kollet au moins de juin et depuis je n'ai pas été en contact direct avec un guinéen.

Avec les bagages sur le dos, nous nous retrouvons chez Budget, le loueur de voiture. J'ai réservé et payé une voiture par internet. Le site annonçait une proposition à 275 dollars. Avec les taxes, je m'attendais à ce que cela fasse 310 dollars. En fait au moment de payer, le total était de 430 dollars. Mon interlocutrice n'a pas pu me donner des explications sur la différence. Je me suis promis de demander des explications au loueur à mon retour, pour rectifier le cas échéant et mieux maîtriser mon ‘budget’ la prochaine fois.

Il nous faudra encore un petit temps pour comprendre qu'il faut appuyer deux fois sur le bouton ouverture des portes avant qu’elles veuillent bien s’ouvrir. Contact, la voiture démarre dans le bon sens, la boîte est automatique et j'ai positionné le levier sur D comme drive. Mais impossible d'enchaîner les vitesses. C'est comme si je restais en première en devant prendre l'autoroute jusqu'en centre-ville. J'ai essayé de tripatouiller le levier et parfois la boîte m'a quand même permis de passer au rapport supérieur. Mais même maintenant, je ne suis pas sûr d'avoir compris comme faire fonctionner correctement cette voiture.

Nous n'avons pas commandé le GPS qui était proposé à un prix dissuasif. Mais il faut quand même retrouver le domicile de Vincent. Cap donc vers le centre ville que nous traversons dans un tunnel en ressortant dans le quartier chinois. Sommes-nous en Chine ? Une grande porte enjambe la route pour marquer le début de quartier, dans lequel les boutiques affichent des slogans en chinois. Nous retrouvons rapidement la route Saint Laurent qui part du fleuve et va vers le nord en coupant la ville en deux, Montréal Ouest à gauche et Montréal Est à droite. La communauté anglophone habite plutôt à l’ouest et la francophone à l’est sans que les territoires soient réellement marqués. Quelques km plus loin, nous nous garons devant un bâtiment vieillot. Vincent nous fait les honneurs du grand appartement un peu défraîchi, mais sympathique avec beaucoup d'espace, des hauts plafonds et des puits de lumières qui permettent de se passer de lumière artificielle dans les pièces qui n'ont pas de fenêtres.

Le quartier Mile-End

Nous nous retrouvons ensuite autour d'une table chez Gros Luxe, une brasserie qui propose aussi des plats québécois. Les serveurs sont cools à l'image du quartier cool, un quartier devenu à la mode ces dernières années. Nous sommes dans une sorte de Silicone vallée avec des startups aux coins de la rue. Ubisoft est une de ces entreprises. Grosse pourvoyeuse d'emplois à Montréal. Elle était française au départ, mais s'est installée à Montréal depuis une dizaine d'années en profitant d'un environnement propice de développement.

Le quartier est aussi fréquenté par une population d'israélites intégristes qui portent des habits traditionnels. Les hommes arborent un grand chapeau rond-ovale surprenant et une barbe vieille de plusieurs années. Et les femmes sont vêtues avec des habits noirs plus classiques.

A la pharmacie Jean Talon, nous achetons ce qui nous a été prélevé à l’aéroport, dentifrice et autres produits de toilette, mais aussi des gants d’hiver que nous n’avions pas à Nozay. Au Québec, la pharmacie est presque une sorte de supermarché qui vend beaucoup d'autres produits que les médicaments.

Pour le repas du soir, nous faisons des emplettes dans une supérette plus classique. Nous y retrouvons entre autre la glace à l'érable qui à elle seule, mérite le voyage.

Nous revenons à l'appartement prudemment, le sol est gelé et des plaques de glace nous attendent pour des dérapages incontrôlés. Des traces d'une ancienne neige persistent sur les bords des terrains. Mais il n'est pas question de faire du ski de fond à Montréal pour l'instant.

Le soir, Marc et Marie-Céline nous rejoignent pour partager un verre et un dîner dans l'appartement de Vincent. Marc a pris sa retraite il y a 2 ans et semble en profiter pleinement, car il est à l’aise à la fois physiquement et financièrement.

Marie-Céline est toujours en activité par goût pour son activité de psychanalyste, et participe de temps en temps à des conférences internationales.

Il est 22h30 quand notre horloge interne nous dit stop pour aujourd'hui.

A 3h je rallume la tablette pour écrire. Il serait 9h en France. Je me recouche 1h plus tard pour me forcer à prendre le nouveau rythme. Après le petit déjeuner, nous procédons à des réglages sur les matériels informatiques et téléphoniques qui prennent du temps, sans succès parfois quand la connexion internet devient capricieuse. En venant avec quatre systèmes connectés, nous avons peut-être froissé le fournisseur d'accès. Du coup, la communication avec la France se passe au téléphone au lieu de Hangout comme prévu.

Hangout est un outil de Google pour communiquer à distance, un équivalent de Skype. S'il a des avantages, sa mise en route est plus complexe.

Grosses chaussures aux pieds, nous prenons la direction du Mont Royal, la colline de 200 m qui surplombe le centre-ville. Sur le versant nord, nous retrouvons des traces de neige, pas suffisamment pour faire une partie de boules-de-neige, mais assez pour cacher quelques plaques de glaces et faire chuter les promeneurs mal équipés. Au sommet se dressent des antennes télé et une grande croix métallique qui semble protéger la ville. Un grand bâtiment de pierre, appelé chalet, surplombe le Mont. Construit dans les années 1930, il sert à des manifestations culturelles. Aujourd'hui, nous en profitons simplement pour regarder le paysage. Le Saint Laurent prend une grande place. D'autres collines, le Mont Saint Bruno et le Mont Saint Hilaire, sortent curieusement de terre dans un environnement plat.

Un sentier, puis un escalier, nous font descendre dans le centre-ville. Rue sainte Catherine, nous partons à l'est. La rue Sainte Catherine est la grande rue commerçante de Montréal, probablement la plus connue de la ville. Dans une librairie, nous trouvons le Guide du routard à jour et des livres d'auteurs québécois qui continueront à nous garder dans l’ambiance dans les semaines à venir.

Sur la Place des Arts, nous cherchons un spectacle terminer la journée, mais il n’y a rien le dimanche soir. Avec l’aide de Google, nous nous laissons alors tenter par un spectacle d'improvisation dans un autre quartier de la ville, programmé à 20h. En attendant, nous partons à la recherche d'un restaurant, mais ne rencontrons d’abord que des vietnamiens, chinois et autres Mac Do. Nous nous arrêtons finalement dans un « Saint Hubert » qui est une chaîne avec une proposition de menus standardisés, mais de cuisine très québécoise quand même. Bière, poulet, salade de chou, purée, glaces, les assiettes sont copieuses. Nous prenons notre temps et le repas permet à Vincent ne nous expliquer son travail.

Travailler dans une startup ne ressemble pas aux postes de travail classique que nous connaissons. La vitesse de la technologie nécessite une très grande capacité d'évolution permanente. Les opportunités de développement sont à des échelles planétaires, les marchés énormes par rapport aux industries mettant en œuvre du matériel. Le coût de production pour passer de 100 à 100 000 est faible. Un monde sans pitié qui ne retient que les numéros un. Il n'y a pas de place pour deux startups sur le même créneau.

De grandes révolutions sont attendues avec les objets connectés. Demain ou après-demain, le frigo sera connecté et tous les objets de notre environnement seront suivis et surveillés par des services internet.

Vincent a la chance d'être ici dans cet environnement bouillonnant et de participer à l'histoire.

En sortant du restaurant, la longue marche et le décalage horaire ont eu raison de notre envie de théâtre... Nous décidons de prendre le métro pour rentrer, et remettons la sortie spectacle à la semaine prochaine. Arrivé chez Vincent, je n'ai plus la force de rien et m'endors quasiment devant ma tablette. Ce n'est que ce matin que mes doigts ont repris de l'agilité.

 

Au programme de la journée de ce lundi: un départ vers Québec avec la voiture pour un tour jusqu'à vendredi qui cherchera de la neige plus au nord, peut-être jusqu'au parc du Mont Valin.



Votre commentaire sur 'Montréal en hiver'